Le 37e Congrès de la Conférence Internationale des Barreaux de tradition juridique commune (CIB) qui a lieu à Liège, en Belgique, du 30 novembre au 2 décembre 2023, a été remarquable à plus d’un titre.
D’emblée, il y a lieu de relever que cette édition était la première à laquelle le jeune Barreau du Tanganyika était représenté : la délégation chapeautée par le Bâtonnier de l’Ordre lui-même était composée de deux autres avocats du ressort.
Par ailleurs, le soin porté à la préparation de l’événement et à la sélection des intervenants a permis aux participants de bénéficier d’exposés d’une rigueur scientifique bien éprouvée et des témoignages poignants.
D’abord, des illustres orateurs tels que l’ancienne vice-présidente de la Cour européenne des droits de l’Homme ou la Secrétaire exécutive de la Commission européenne pour l’efficacité de la justice
(CEPEJ), ont conduit les participants au cœur même de la question du coût de la justice en parlant des moyens structurels et budgétaires à mettre en œuvre pour atteindre une justice de qualité.
Ensuite, grâce à l’exposé d’un assureur et d’une avocate spécialisée dans les assurances, les avocats du Sud ont pu découvrir les mécanismes d’aide à la justice mis en place dans les pays européens pour aider les justiciables qui y souscrivent à accéder à une assistance juridique sans considération de leur situation financière.
L’épineuse question des honoraires a également été abordée : le mode de facturation, les procédures de réclamation des honoraires, les nouveaux modes de financement des causes judiciaires, etc. A chaque fois, un appel à la mesure et au respect des règles déontologiques a été rappelé.
Enfin, un tour d’horizon de la situation des avocats dans le monde a permis de relever les injustices qu’ils subissent dans l’exercice de leur profession. Dans ce sens, le Bâtonnier de Port-au-Prince a particulièrement ému l’assistance en évoquant la détresse des avocats haïtiens en prison ou constamment menacés d’enlèvement. Un avocat du Niger a dénoncé les pratiques de corruption des clients et fonctionnaires de l’administration judiciaire qui entravent le travail des avocats engagés pour l’émergence d’une justice de qualité. Le directeur de l’appui stratégique de l’ONG « Avocat Sans Frontières », a, pour sa part, évoqué les actions menées par son organisation en Afrique pour alerter l’opinion publique et les acteurs sociaux sur les pressions faites sur les avocats et qui limitent leur indépendance.
Et comme chaque année, la CIB a organisé un concours d’éloquence dont la phase finale s’est déroulée le 2e jour du congrès. Un jeune avocat du Barreau du Kongo Central a représenté la RDC à ce concours d’art oratoire, avec 6 autres avocats venus de partout dans le monde. Même si le prix a été remporté par un avocat burkinabé, le talent du Congolais se doit d’être souligné.
Cette rencontre caractérisée par la solidarité internationale s’est achevée par des excursions dans les villes de Bruxelles, Bruges et Liège ainsi que par un match de football dominé par une confraternité exemplaire.
Ce bref résumé ne pourrait être complet sans souligner que dès le début du Congrès, la parole a été donnée à la femme de manière particulière. Dans son mot d’ouverture, la Représentante des consœurs a rappelé que la place de la femme devait être reconnue aussi dans les efforts pour féminiser les noms de métier ou les expressions idiomatiques telles que consœur ou bâtonnière.
En outre, un panel modéré par la Vice-Bâtonnière de Paris a permis à l’unique Bâtonnière de la RDC de parler du combat qui l’a menée à la tête du Barreau du Kongo Central. Les représentants des associations à vocation féminine RIFAV (Réseau Internationale des Femmes avocates) et AIFA (Association Internationale des Femmes Avocates) ont eu l’occasion de présenter le bilan des programmes qu’elles ont exécutés pendant l’année.
Le prochain rendez-vous de la CIB a été pris pour Fort de France en Martinique en décembre 2024.
Publié le 06 décembre 2023